Je sculpte comme je vois : masses colorées, lignes de forces, lumière, mouvements ; saisir la croissance de toutes choses, leur caractère changeant, insaisissable. Moins je peux les figer, moins je peux représenter l’infini de ce que je vois, plus je le tente. Alors je cherche la plénitude de la forme et sa vérité en me mettant en prise avec la réalité des matériaux. Je teinte directement dans la masse des mortiers, incorporant objets et fibres en fonction de leur potentiel de réminiscence et de suggestion, mettant en jeu couleur, volume et matière simultanément. Les mortiers matérialisent la couleur et incarnent les motifs abstraits, la couleur rend immatériels les volumes. Je peins en sculptant, dans et avec ces contradictions, par actions impulsives, d'heureux ratages et déroutes, des récupérations, en tâtonnant. Et l'apparente fragilité qui ressort de ce chaos feint la solidité réelle de l'ouvrage. Aux limites du matériau, il s'agit toujours d'un tour de force.
Géraldine Guilbaud est née en 1978. Elle vit et travaille à Montreuil.
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